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الجمعة، 7 أكتوبر 2011

John Robinson Sculpteur en Angleterre




John Robinson
Sculpteur en Angleterre
John Robinson est coordinateur la Fondation Bradshaw dont l'objectif est la préservation et la protection de l'art rupestre dans le monde.
http://www.bradshaw-foundation.com


Comment se préparer à une visite des plus anciennes peintures connues au monde, en particulier lorsque l'on a déjà vu des photographies et que l'on sait que l'on va voir un travail d'une étonnante beauté. J'avais plus d'un an pour me préparer à ce qui allait être une des grandes expériences artistiques de ma vie.
Je décidais que, dans la mesure du possible, j'éviterai de regarder quelques photographies que ce soit de Chauvet pour l'année à venir. Malheureusement, j'en vis occasionnellement dans les magazines, mais, volontairement, je me refusais à les étudier, je me contentais de lire les articles. Je voulais que les peintures soit aussi fraîches que possible à mes yeux.
Enfin, le jour du rendez-vous arriva. Le 18 octobre 1999 était un glorieux jour ensoleillé. Au début du canyon, juste avant de rejoindre Vallon Pont-d'Arc, laroute descend vers la rivière Ardèche. Au détour d'un méandre, nous étions tout-à-coup face à une splendide fantaisie de la nature : le Pont d'Arc. L'arche du Pont d'Arc est une merveille à ne pas manquer. Je la regardais et j'y vis immédiatement un Lion. Peut-être que les hommes préhistoriques y avaient été eux aussi sensibles.
Après une demi-heure de marche sur un chemin de grande randonnée, j'arrivais devant une porte blindée.
La porte électronique s'ouvrit et je pus entrer dans la grotte. Quel moment, j'étais à l'intérieur. Je ne pouvais le croire. Je regardais vers le trou noir en face de moi, harnaché solidement, me laissant glisser le long de l'échelle. Arrivé au sol, je me retournais et regardais dans la grotte. Ma lumière transperçait l'obscurité révélant un monde merveilleux de stalactites et de stalagmites. Les couleurs allaient des jaunes dorés aux roses. D'étincelants cristaux blancs scintillaient dans le rayon de ma lampe frontale. C'était la grotte d'Aladin. La première grande paroi ornée de points rouges procurait un sentiment de communication avec les auteurs, surtout lorsque l'on pouvait, de temps en temps, se rendre compte que ces points avaient des doigts. Je cheminais ensuite au travers d'un chaos de stalagmites et de rochers, vers un vestibule. J'entrais et regardais, je me retrouvais ébahi devant le plus bel Ours. La ligne rouge du contour était pure et gracieuse. Je me retournais et vis un autre Ours rouge. Quelle paire ! Comment l'artiste a pu dessiner de telles merveilles, dans un si petit espace, et pourquoi ?
Toujours sous le choc, je revins en arrière et me rendis vers la seconde salle. C'est un vaste espace et jusqu'à présent, il n'y a que des ossements enchâssés dans la calcite et des crânes d'ours. Je découvrais ensuite la Panthère et l'Hyène, c'est un cas unique puisque ces animaux n'ont jamais été représentés dans aucune grotte. Bien sûr, cela les rend passionnants, mais pour moi, le vrai frisson venait du rendu artistique. L'Hyène a une grande ressemblance avec ses descendants d'aujourd'hui, avec leur arrière train fuyant, et la panthère comme tapie avec ses épaules tombantes. Dans la Galerie du Cierge, ainsi nommée de par ses stalagmites, pas une seule peinture ou signe n'ont encore été trouvés. Pourquoi ? Des parois auraient fait de très bons supports. Je commençais à avoir le sentiment qu'à la Grotte Chauvet-Pont-d'Arc tout était parfaitement orchestré et planifié.
Dans la salle suivante, un large effondrement creuse le sol en son centre. En regardant de l'autre côté de l'effondrement, je pus voir les couches de remplissage qui se sont déposées au cours des temps pour bâtir les planchers plans des grottes. C'est un aspect des grottes qui m'a toujours donné un sentiment de religiosité. Cheminer dans une grotte, c'est comme marcher dans une église, toutes deux ont un sol plat, toutes deux ont des peintures aux murs et toutes deux ont des lieux sacrés dans des niches.
Au bout de cette salle, relevant la tête, je me retrouvais en contemplation, droit dans les yeux des Chevaux. Je ne crois pas avoir été plus ému par un travail artistique, dans ma vie. Me remettant légèrement, j'embrassais d'un regard tout le panneau, la paroi est une toile géante remplie de merveilleuses créations. Le panneau est sans aucun doute un des chefs-d'œuvre de l'Art d'Homo sapiens, en plus d'être le plus ancien. J'étudiais les lignes des contours noirs et l'utilisation de l'estompe pour rendre les ombres. Puis, je vis que l'artiste avait rehaussé l'extérieur des contours en ciselant la roche blanche. La gravure me rappela immédiatement les merveilles de l'Ancienne Égypte, mais ces dernières n'avaient que 3000 ans. Dans la galerie suivante, je vis la plus vieille empreinte d'Homo sapiens jamais découverte. La marque du gros orteil est en tout point semblable à la centaine de gros orteils d'enfants que j'ai pu sculpter pendant ces trente dernières années. Le second orteil était plus long que le gros orteil, lui donnant l'aspect de ce que les sculpteurs appellent le pied grec qui, dans les temps athéniens, était toujours expression d'une harmonieuse croissance. Je ressentais un lien physique incroyable entre moi et le jeune homme qui a laissé sa marque ici dans l'argile, il y a tant d'années.
Dans l'après-midi, je devais être conduit dans le Saint des Saints pour voir le Sorcier et le panneau des Lions et des Rhinocéros. Je pensais à la chance que nous avions d'être vivants au bon moment et au bon endroit. Chauvet est la grande découverte du siècle, le témoin vivant de la genèse de la culture d'Homo sapiens à travers le legs de son art.
Au bout de la Galerie des Mégacéros, un Rhinocéros sur la gauche et un Mégacéros sur la droite semblent être les gardiens du sanctuaire comme les cobras menaçants des tombes égyptiennes. Le sol continua de s'élever sur quelques mètres, puis soudain commença à décliner, et je me retrouvais dans l'embouchure d'un tunnel se rétrécissant vers un vide obscur. Ma lampe frontale se perdait dans les profondeurs de l'étroit passage vers l'au-delà. Nous avancions lentement et, tout à coup, voici la horde des Lions. Ils sont majestueusement magnifiques. L'intensité du regard des animaux qui semblent dire seulement une chose : " Vous tous qui entrez ici, prenez garde ". Ils étaient prêts à bondir si nous osions approcher le cœur du sanctuaire. J'étais presque sans voix. Et là, tournant lentement vers la droite, je vis le Sorcier. Voilà ce que les Lions gardaient. Ceci était le Saint-Graal de la Grotte Chauvet-Pont-d'Arc. Aucun architecte n'aurait pu créer un emplacement aussi imposant que celui-ci créé par la nature puis utilisé par l'homme comme une toile.
À gauche des Lions, se trouve le grand panneau des Rhinocéros. Quelle composition ! C'est en dehors des choses de ce monde. Le Rhinocéros du haut est extraordinaire. Il est représenté avec sept cornes frontales énormes comme si l'animal agitait sa tête de bas en haut de colère.
En dehors du véritable aspect artistique du travail, une des choses qui m'ont le plus fortement marquées était la fraîcheur de ce que je venais de voir. J'ai été complètement emporté et enflammé par le merveilleux de l'accomplissement de mes amis artistes et je me sentais très humble.
Je me trouvais très proche de ces gens, même si 30.000 ans nous séparaient. Le philosophe grec Protagoras disait, il y a quelque 2.500 ans : " l'Homme est la mesure de toutes choses " s'il parlait de la créativité humaine comme étant la mesure de Valeur, ainsi que je le crois, alors c'est exactement ce que j'ai vu, une merveilleuse créativité et d'incroyables tours de force de l'imagination. Je crois que la genèse de l'Art est la Religion. Je ne pense pas que ces peintures soient simplement un miracle " hors-série " de créativité. Les débuts du long cheminement de l'évolution qui nous conduit à ces peintures doivent puiser ses racines dans l'ancienne religion des Homo sapiens.